Lettre d’une mère à son héros de fils

Si petit pour tant de douleur, des parents si impuissants face à ton mal. Tu étais quand même notre rayon de soleil dans le brouillard de cet univers redoutable qu’est la maladie. C’est toi qui nous as aidés à avancer dans ce monde parallèle d’hospitalisations, de chirurgies, de thérapies, de médication, de douleurs, de pleurs, d’inquiétudes et d’angoisses.

Néphrectomie, dérivation urinaire haute, plusieurs mois d’hémodialyse, reconstruction de la vessie avec conduit à l’ombilic pour cathétérisme, tenckhoff, échec, re-tenckhoff, plus de deux années de dialyse péritonéale ainsi que tant d’autres phases douloureuses d’interventions et de traitements dans l’attente d’un rein.

Ta résilience nous a heureusement menés à bon port quand une famille inconnue, attristée par le décès imminent d’un proche, t’a offert de réaliser ton rêve. La greffe d’un rein a permis à un garçonnet fragile de foncer avec détermination dans sa nouvelle vie d’adolescent. Sans rancœur de ta condition et en protégeant avec discipline le précieux organe, tu as pu vivre, pendant plus de 24 ans, cette liberté si chère aux personnes atteintes de maladie rénale.

Aujourd’hui, l’ado est adulte, un adulte formidable.

Tu dois malheureusement faire face à une autre greffe pour continuer l’histoire. Ta condition se détériore mais tu mènes toujours ta barque avec un inébranlable aplomb.

Merci à la Vie qui a permis que ta mère ait ce grand privilège de t’offrir un rein qui t’affranchit une nouvelle fois de la dialyse.

Quelle belle aventure mère-fils, incroyablement grisante dans un affligeant contexte! Tu as franchi un autre chapitre dans une histoire de courage où ce sera toujours toi le vrai héros.

Mille remerciements à tous ces anges du CHU Sainte-Justine et du CHUM qui accomplissent quotidiennement des chefs-d’œuvre médicaux. Des professionnels de santé aux bénévoles, tous ont su nous mettre en confiance pour vivre ces épreuves dans une relative sérénité. Merci aussi à toutes ces personnes qui discutent avec leurs proches de leur volonté d’offrir la vie après leur décès, en signant leur carte de don d’organes. Enfin, grand merci à la Fondation qui rassemble, informe, rassure et veille à ce que tout ceci soit possible.

Thérèse Jobin

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