Ma réflexion a débuté au moment où mon meilleur ami combattait un cancer du rein qui s’est ensuite propagé ailleurs malgré plusieurs opérations. Il a malheureusement perdu sa bataille le 2 mars 2020, 10 ans après son diagnostic. Quand je lui ai offert un de mes reins, il était trop tard, son cancer était au stade 4. Il n’y avait plus rien à faire à part lui donner des médicaments pour soulager la douleur en attendant la fin.
Ne pouvant sauver mon meilleur ami grâce à un don de rein, pourquoi n’aiderais-je pas quelqu’un d’autre? Après tout, la vie a été bonne envers moi. Je me suis donc inscrit sur les listes de Transplant Québec. Je ne connaissais personne qui avait besoin d’un rein, mais je savais que ce ne serait pas un problème de trouver un receveur.
Mes démarches ont débuté en janvier 2020 et j’espérais être opéré au printemps ou au plus tard à l’été de la même année. Mes prévisions se sont avérées mauvaises et le processus a été plus long que je ne l’imaginais. La crise sanitaire liée à la COVID-19 n’a pas facilité les choses.
J’ai eu la chance de rencontrer le Dr Michel R. Pâquet, néphrologue au Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM). Il m’a fait part de deux options. Je pouvais soit faire un don de rein, au Québec, à un receveur qui sera déterminé par Transplant Québec, soit m’inscrire au programme de don croisé pancanadien.
J’ai décidé de participer au programme de don croisé pancanadien, car, en raison de la COVID-19, les règles ont changé. Auparavant, j’aurais dû me faire opérer dans la province où la greffe aurait lieu, mais depuis le début de la crise sanitaire, il a été décidé que seuls les reins voyageraient au lieu des donneurs. J’ai donc choisi cette option, car je ne souhaitais pas être opéré à l’extérieur du Québec.
J’ai dû me soumettre à de nombreux examens médicaux et prises de sang. La raison principale n’est pas tant la compatibilité avec mon receveur, mais plutôt d’être certain je puisse vivre jusqu’à 90 ans avec un seul rein. Si les résultats d’un examen indiquent qu’il y a le moindre doute, il n’y a pas d’opération. Cela ne sert à rien de déshabiller Pierre pour habiller Jacques, comme le dit bien l’adage! Comme pour n’importe quelle opération, il y a toujours un risque, mais je peux vous garantir que votre bilan médical est complet et que tout est mis en œuvre pour réduire ce risque au minimum.
On m’a avisé que j’aurais moins faim après l’opération, mais que c’est tout à fait normal. Il ne faut pas que je me force à manger. J’ai ainsi perdu 5,9 kg (13 livres).
J’aimerais énormément connaître la personne qui a reçu mon rein. Malheureusement, la loi sur la protection des renseignements personnels interdit de divulguer les coordonnées des donneurs ou des receveurs. Je sais seulement que l’opération a eu lieu, qu’elle s’est bien déroulée et que la personne est sortie de l’hôpital. J’en suis très heureux et je présume qu’elle aussi!
« Le fait d’avoir donné un rein me donne un sentiment de devoir accompli. C’est vraiment gratifiant de faire ce geste et j’encourage les gens à faire cette démarche. »
Dans ma famille, je ne suis pas le premier à avoir donné un rein. En 2013, ma soeur, Hélène Héroux, a donné un de ses reins à son conjoint, Gaétan Frigon, et les deux se portent encore très bien.
Alors, pourquoi donner un rein à une personne qu’on ne connaît pas et que l’on ne connaîtra probablement pas? Pourquoi pas!
Michel Héroux